Effacer la Révolution, vie et mort des prêtres constitutionnels francs-comtois (1801-1830). Que sont devenus les prêtres qui avaient juré fidélité à la nation au cours de la Révolution française ? C’est à cette question largement négligée par les historiens que s’attache à répondre ce livre. L’adoption de la Constitution civile du clergé et l’obligation de prêter serment ont durablement divisé le clergé catholique, plus encore dans une province fervente et frontalière comme l’est la Franche-Comté. La signature du Concordat entre Bonaparte et le pape en 1801 a mis fin à l’opposition entre prêtres réfractaires et prêtres jureurs. En apparence seulement. En Franche-Comté, ce sont presque 550 prêtres constitutionnels qui continuent d’exercer leurs fonctions après 1803. D’abord protégés par l’archevêque, qui a été l’un des leurs, la chute de Napoléon marque pour eux le début des vexations : sommés de se rétracter, contraints à la démission, révoqués, humiliés devant leurs paroissiens, quelques-uns se dissimulent, certains renoncent publiquement à tout ce en quoi ils ont cru, d’autres résistent crânement jusqu’au bout. Révolutionnaires, jacobins, démocrates, patriotes…, accusés d’être des ivrognes et des incapables, des affairistes ou des paresseux, ces prêtres sont effacés jusque dans la mémoire collective au profit de l’image du « bon prêtre ». Une somme d’histoire religieuse et politique, fondée sur des documents d’archives inédits, complétée par des tableaux statistiques, 550 notices biographiques et un index riche de 700 noms de lieux.