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COMMENT PEUT-ON (ENCORE) ÊTRE FRANC-COMTOIS ?

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Référence: 9782878232608

Fournisseurs: Vincent Petit
Comment peut-on (encore) être Franc-Comtois ? Comment justifier l'existence d'une petite région périphérique, peu connue, autant dire négligeable ?

Comment peut-on encore être Franc-Comtois ? Comment justifier l’existence d’une petite région périphérique, peu connue, autant dire négligeable ? La raison d’Etat, les impératifs économiques et financiers, la technostructure, les élites parisiennes la condamnent. Ses élus, ses historiens et géographes, ses habitants peut-être ne la défendent même pas. Qu’on veuille bien nous permettre de prendre le temps, de partir du passé pour contribuer à une réflexion qui ne souffre ni la précipitation, ni la simplicité. Le mot même de régionalisme invite à une étude attentive. Qui d’autre a mieux exprimé l’intérêt d’une telle démarche que Lucien Febvre, le fondateur de l’école des Annales, celui qui comme il l’écrit lui-même « encore pensionnaire de la rue d’Ulm, ayant imposé à mes maîtres à force d’obstination douce, muette et têtue, un sujet franc-comtois, ô scandale, pour ma thèse de diplôme et un stage d’archives provinciales non prévu par les traditions » ? Il y a dans ce constat, toujours valable un siècle plus tard, un résumé des maux de notre pays. Mieux que quiconque, il écrit dans la revue Franche-Comté–Monts Jura d’octobre 1935 : « Régionalisme, sachons ce que nous voulons dire en articulant ce mot. Ou bien des distractions d’été pour touristes. Un régionalisme de cavalcades historiques, de danses “locales” pour music-hall parisien, de cuisine pseudo-régionale, pour “relais” tapageurs. Ou bien, une culture. Vraie, solide, profonde – et nationale […] ». C’est la généalogie de cette culture que nous tentons d’entreprendre, avec une conviction : si la Franche-Comté en tant qu’entité distincte disparaît sans faire couler d’encre, ce sera moins en raison d’un assentiment général, d’une aspiration modernisatrice que le signe de la profonde anémie du corps social français, jusque dans ses confins. La question est de savoir si la Franche-Comté, comme les autres régions françaises n’est qu’une partie déléguée d’un centre qui peut donc la modifier, la transformer, la dessiner à sa guise, ou au contraire si elle est à un certain degré du moins une entité autonome, dont la population a le droit de choisir sa forme de participation à la vie nationale. Est-elle un canton parmi d’autres de la nation une et indivisible ou entend-elle apporter au pot commun ses atouts, ses particularités, ce qu’aucune autre région n’apporterait ? Question sacrilège qui se double d’une autre : les Francs-Comtois en ont-ils la volonté et les moyens ? La région est l’une des dernières, en notoriété, en population, en puissance économique. Emmanuel Le Roy-Ladurie dans son Histoire de la France des régions. La périphérie française des origines à nos jours (Paris, Seuil, 2001) la cite à peine, au contraire de la Savoie et de l’Alsace. Les Francs-Comtois ne figurent pas davantage parmi les « provinciaux » décrits par Theodor Zeldin dans son Histoire des passions françaises. Si le sentiment d’appartenance régional existe bel et bien : selon un sondage publié dans le Huffington Post du 10 avril 2014, 83 % des Francs-Comtois se déclarent très attachés à leur région, devant les Alsaciens (85 %) et les Bretons (83 %), reste que les institutions susceptibles de le porter sont gravement défaillantes. Il est probable qu’une longue centralisation politique et administrative nous a rendus inapte au self-government, donc à l’idée même de liberté.

Si l’on définit le régionalisme comme le sentiment d’appartenance et d’identification à un espace régional, en l’occurrence la Franche-Comté, il faut d’emblée affirmer que ce sentiment ne doit rien à la nature, mais relève d’une construction politique. En effet, il faut connaître et reconnaître cette identité comme étant particulière, différente de celle de la nation et d’entités plus petites, comme les pays ou les terroirs. De fait, cette identité particulière, comme toute communauté sociale, est largement subjective puisqu’elle n’est qu’un « artefact culturel » (B. Anderson), la reconstruction généalogique du passé à partir du présent au nom d’une linéarité ininterrompue – appelée tradition ou histoire.

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